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Louis on the road
31 août 2009

Amritsar, or en barre

Sombre réveil, sous la pluie. Sombre cavalcade dans les escaliers pour attraper mon bus de cinq heures du mat. Sombre trajet de cinq heures sous la pluie, ce qui me conforte dans ma décision de quitter Dharamshala. Une fois à Amritsar, misère de misère : contrairement à mes espérances la pluie n'a pas cessé. Pire : on n'est plus dans les collines, donc plus de dénivelé, donc plus d'écoulement naturel des eaux. Et connaissant le fameux état des routes et trottoirs indiens... Je dois enjamber de véritables mares, tremper le bout de mes semelles ; des rues entières étant inondées, trottoirs inclus, je me vois contraint de faire appel aux services d'un cyclo-pousse à l'air matois qui sentait la bonne occasion, posté à quelques mètres de là.

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D'où l'intérêt d'une jeep surélevée

Le Temple d'Or n'était pourtant qu'à quelques centaines de mètres. C'est le symbole de la ville, lieu le plus saint de la religion sikhe, qui parmi toutes celles de l'Inde se distingue par la rigueur de son mode de vie : pas d'alcool, de cigarettes, ni de viande. Je repère de nombreuses similitudes avec le christianisme : disciples, cène, Prophète et bien sûr livre saint.

Le lieu en lui-même est l'un des plus magiques dans lequel j'ai pénétré en Inde jusqu'ici. De par ses dimensions certes : de forme carrée, organisé autour d'un grand bassin au milieu duquel se dresse le temple saint, dans lequel les Ecritures sont psalmodiées sans interruption. Tout est blanc, de marbre immaculé, à l'exception du temple central, recouvert d'or pur selon la légende (d'où le nom).

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Scène courante dans toute l'Inde : baignade purifiante sur les ghâts (quais)

Un réfectoire accessible à toutes et à tous est disponible ; j'y avale ma ration quotidienne de rice-dal (riz-lentilles). Suivant le repas, du thé est même proposé à volonté ; c'est en le prenant que je me retrouve cible des fidèles curieux, et surtout de jeunes qui me prennent de suite sous leur aile.

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L'accueil sikh

La pluie cesse dans l'après-midi ; je m'aventure enfin hors de mon abri, en compagnie de Kulbir, avec qui j'ai particulièrement sympathisé. Il est originaire d'un petit village punjabi, finit tout juste son pèlerinage de quinze jours, et me guidera dans tous les coins et recoins de ce complexe religieux, m'expliquant leurs us et coutumes, me faisant partager avec ferveur sa passion pour ce lieu dans lequel se trouve la majeure raison de sa vie. Il sait conserver un regard critique : lorsque je lui dis que le sikhisme offre un lieu où pain et feu sont assurés, et que c'est une bonne chose dans un pays de pauvreté et pourrait être facteur d'union, il me répond que seul les temples offrent cela et qu'une fois sorti de ce dernier, les sikhs se montrent aussi acharnés que n'importe quelle autre communauté indienne. Il m'évitera quelques faux pas : éviter de diriger ses plantes de pied vers le temple, toujours finir l'assiette ou le gobelet d'eau qu'on vous donnera gracieusement, emprunter cette porte et non sa jumelle exacte d'à côté...

Malgré la foule, une atmosphère sereine se dégage du marbre. Déambulant doucement, je saisis au vol différentes scènes de la pratique de leur religion : distribution de feuilles de bananier dans lesquelles déposer son obole, au temple central ; dévêtage et baignades purificatrices ; distribution de milliers et de milliers de thalis ; débat théologique entre deux vieillards au centre d'une foule enthousiaste ; vénération des quelques reliques de martyrs dispersés aux quatre coins du lieu. Et tout simplement s'asseoir et contempler passer le flot tranquille des pèlerins, détaillant à la dérobée leur visage, leurs habits, les signes distinctifs du sikhisme (chignon sur le front, turban par-dessus, caleçon symbolisant la simplicité, poignard à la hanche...). C'est envoûtant, je pourrais rester ici des journées entières.

Assis au bord de l'eau, Kulbir me confie même, « I have a dream », son rêve d'émigrer un jour en Europe ou au Canada, et soutenir de là-bas sa communauté. Je me suis pris d'affection pour lui ; dans la soirée, j'essaie de lui exposer objectivement les obstacles auxquels il doit s'attendre, ainsi que les niveaux de vie et de salaire qu'il pourrait espérer. Il prend tout en note, et déclare qu'avec l'aide de son Dieu et de sa communauté il tentera l'aventure. C'est bien.

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Kulbir, Indien sikh rêvant d'ailleurs

Le Temple d'Or dispose de milliers de lits sommaires et gratuits pour tous ceux qui en ont besoin, dont un dortoir réservé aux étrangers ; je signe et je m'écroule sur une cotte de pailles.

Argent dépensé : deux euros

Km parcourus :

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Commentaires
M
Nous rêvons tous d'alleurs...et quand on est ailleurs, on continue à rêver...<br /> <br /> je t'aime
S
Énormissime! La 3e photo est la meilleure de toutes!
Louis on the road
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Louis on the road
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