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Louis on the road

6 janvier 2011

Un an après

mon dernier message...

Le six janvier deux mil onze au soir, studio Place Monge, partiel demain huit heures... mon Dieu. Que s'est-il passé ?

Je la fais courte :
Thaïlande - Laos - Vietnam - Cambodge - Malaisie - Brunei - Indonésie - Alaska - Canada - Californie - Mexique - Guatemala - Belize - Honduras - Nicaragua - Costa Rica - Panama - Colombie - Équateur - Pérou - Bolivie - Brésil...

des dizaines de milliers de kilomètres, des centaines de rencontres, des milliers de sourires, des dizaines de galères, d'innombrables petits bonheurs en quinze mois hors du temps.

Merci, et au revoir

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27 décembre 2009

Ou en suis-je?

Jai essaye, jai commence a rediger des dizaines darticles, je ne peux plus, jai perdu mon lien avec ce blog. Tant mieux, fini lecrit, je narrerai de vive voix mes aventures a ceux qui seront disposes a se soumettre a quelques radotages.

Mon itineraire, grossierement :

10 novembre au 10 decembre : Laos entier, de lextreme-Sud a lextreme-Nord, en evitant laxe touristique majeur Vientiane-Kuang Prabang-Luam Nam Tha, avec des sequences de stop et des explorations de regions incroyablement sauvages.

10 decembre au 10 janvier : rebelote avec le Vietnam, cette fois du Nord au Sud : Sapa, baie dAlong, Hanoi, Hue la capitale imperiale, Saigon, et le delta du Mekong a velo.

15 novembre 2009

Asie Sud-Est, a fond la caisse!

De leau a coule sous les ponts, des roues sur le bitume, des baskets sur les sentiers...

Que sest-il passe depuis le Nepal? Calcutta, bien sur, ou jai rencontre quelques voyageurs exceptionnels, tous francophones : Gauthier, parti de sa Normandie depuis un an et demi, ralliant Shanghai a pied ; Matthias, franco-allemand visant egalement l Inde par la terre mais ayant echoue pour des raisons de visa, avec qui javais auparavant trekke dans le Langtang et que jai par hasard retrouve a la gare de Siliguri (juste avant Calcutta) ; Lydie et Gabriel, couple-modele vadrouillant en Asie du Sud-Est durant dix mois, qui me donneront de precieux conseils et me refileront le Lonely Planet et un phrasebook (lexique) de la region dont ils nont desormais plus besoin.

Vol donc, low-cost de Calcutta a Bangkok etant donne qu il est quasiment impossible de penetrer en Birmanie (Myanmar) par la terre. Etant programme en matinee, je devais etre a laeroport a laube, pour lenregistrement. Etonnamment, dans une des villes les plus peuplees de l Inde (la deuxieme je crois, apres Bombay/Mumbai), aucun service de bus de nuit, et une soiree dadieu improvisee ma fait louper le dernier metro. Jai donc rallie le terminal a pied, une quinzaine de kilometres, dans la nuit indienne. En chemin : policiers ventripotents et somnolents a quelques carrefours, jeunes prostituees racolant les routiers (et les loulous), trottoirs parsemes de dizaines de familles endormies sur une simple paillasse, souvent nus, parfois se lovant les uns contre les autres. Jai parcouru quelques kilometres au clair de lune, leclairage public defaillant. Le seul endroit 'vivant' ou jai pu prendre un chai : une sortie d hopital. Un nuage de fumees de clopes, deux medecins visiblement desabuses, quelques taxis insomniaques, deux travestis 'au boulot'. Arrive au terminus du metro, cest presque laube ; il reste encore quelques kilometres avant laeroport. Au lieu de rembarrer violemment le jeune chauffeur qui me propose ses services, jessaie de discuter avec lui. Marie, deux gosses, bossant la nuit pour plus cher mais moins de clients, il na pas le choix, la bagnole netant pas sa propriete. Il me laisse mabriter dans sa caisse pour me proteger des moustiques assez agressifs lorsqu on ne marche plus. Je finis, plutot en forme, par du stop improvise. Cetait une drole de nuit, un au revoir a l Inde marquant, une douce invitation au retour...?

Arrive a Bangkok : mais... mais cest lOccident?? des trottoirs et routes sans aucun nid-de-poule, des buildings en veux-tu-en-voila, la derniere generation des telephones mobiles dans chaque main, l impression immaculee que donne le centre-ville. Seul le sourire des Thailandais me convainc que je suis bien en Asie du Sud-Est. Je fonce bien entendu a Khao San Road, la fameuse 'Mecque des backpackers', qui me repugne de suite. Bars et happy hours, agences de voyages, cafes et restaus a loccidentale, ca sent le ghetto a touristes. Je me trouve une chambre 'cellule de prison' assez rapidement dans une guesthouse alentour. Je meloigne vite de Khao et une Thailande differente sexprime rapidement, dont le calme, la discretion tranchant avec l Inde extravertie et desordonnee me seduisent.

Je ne reste toutefois pas longtemps dans ce pays : accessible facilement depuis la France (Paris-Bangkok a des prix sacrifies), je prefere decouvrir des terres moins accessibles ; direction donc vers la frontiere thai-laotienne, ou je me fais avaler ma carte de credit par un distributeur de billets, en week-end bien entendu. Le probleme regle, je penetre au Laos.

Le Laos... un pays de six millions de cigales en sandwich entre 60 millions de thais et 90 millions de Vietnamiens.

4 novembre 2009

Calcutta, concentre de l'Inde

Good morning, Francia!

Il est huit heures du matin, je devrais me promener dans les rues de la ville avant que la chaleur (35 degres hier) ne lecrase ; jai toutefois songe a ce malheureux blog, brusquement delaisse, et jai choisi dentrer dans un cybercafe vous livrer quelques impressions.

Le Bengale-Occidental, Etat (province/region) indien, est situe presque a lextreme-Est du pays. Comme cette immense nation a choisi dadopter un fuseau horaire commun dans une tentative dharmonisation, les extremes se voient contraints a detranges horaires : ainsi, le soleil se leve a "5 heures du matin", pour se coucher exactement douze heures apres, a "cinq heures du soir". Cela complique un peu mes journees : leve tres tot, cest toujours le parcours du combattant pour trouver un breakfast a cette heure-ci, et comme la nuit arrive tres vite, je dois 'caser' le plus de choses possibles dans une immense matinee (7 heures de long), et trouver de quoi meubler les soirees (Internet le plus souvent, pres de lhotel).

Leve avec les coqs, jai donc emmene mon fond de pot de miel apporte du Nepal, a la recherche dun roti chaud (petit pain sans levain) sur lequel letaler. Sur les trottoirs, la plupart des pousse-pousse et charrette a bras dhomme sont encore endormis aux cotes de leur machine-compagnon ; des travailleurs matinaux sassemblent pres de petits stands de the mobile, un minuscule bol dargile dans une main, et dans lautre un petit gateau pioche dans lun des bocals en verre places devant la casserole. Pres d eux, parfois des pompes a eau publiques assurent une douche aux occupants de lamas de tole adjacent ; cest assez comique de tomber brusquement sur un jeune homme tartine de savon, en plein desarroi devant le tarissement brusque de sa source d eau. Le tenancier de la boutique de the lui propose alors de le rincer a l aide de la casserole d eau bouillante ; une course-poursuite s ensuit alors, a l hilarite de tous.

Apres avoir essuye quelques foutages de gueule habituels (un verre de the ou un roti a 10 roupies!) j avise une *plaque* de cuisson, qu on utiliserait pour les paellas chez nous, avec de petits pain y rotissant tranquillement, ignorants de leur triste sort. J en achete trois, a deux roupies chacun, je m installe sur une table precaire et je les tartine de miel sous le regard amuse et un peu envieux de mes compagnons de tablee. Je tente ma chance : "Omelate?" "No...".

Un verre de the, cest reparti! De nouveau de multiples stands de nourriture, cette fois en pleine preparation de la journee : accroupis, en pleine rue et en pleine crasse, hommes et femmes epluchent patates, poireaux, toutes sortes de legumes, destines aux centaines de travailleurs qui s arreteront quelques minutes, tout au long du jour, engloutir rapidement leur platee : souvent une mini-portion de lentilles saucee par quelques puris (petit pain indien que j evite car assez graisseux, au contraire du roti), un oeuf dur, un peu de sauce pimentee, et cest reparti pour le rabattage vers la boutique de vetements ou la suee au milieu de platre dun chantier.

Policiers vetus tout de blanc et casques, on percoit plutot bien le passe colonialiste de Calcutta, ancienne capitale des Indes britanniques. L Etat le sent qui a change son nom, en meme temps que celui de quelques autres villes indiennes : je suis maintenant a Kolkata, phonetiquement plus exact en hindi. De nombreux batiments imposants temoignent de la grandeur britannique passee, dont le Victoria Memorial, blanc pur egalement, etrange croisement entre le Pantheon parisien et le Taj Mahal dAgra. Ces monuments mattirent toutefois moderement, comme a mon habitude je prefere flaner dans les petites ruelles. Hier encore, jai tente de jeter un oeil a linterieur du temple de Kali, deesse de la mort. Premier autel : decapitation en direct d un malheureu chevreau, dont le corps continuait a trembloter de longues minutes apres. Second autel : ecorchage et decoupage, toujours en live, des animaux. Douce emasculation en prime. Jai prefere ecourter ma visite, en vain : ce matin meme, en penetrant par hasard dans le marche aux legumes et volailles, rebelote, cette fois sur un boeuf... Faut avoir le coeur (voire lestomac) accroche ici (et pas a un crochet, comme nos amies les betes!).

Relativement peu de mendicite, j ai l impression que la situation de l Inde s ameliore par rapport a ce que nos medias semblent penser. Il est vrai que je ne me suis pas aventure dans les quartiers peripheriques... La bonne humeur regne toutefois, peu daccrochages ou de conflits dans les rues par rapport a la densite humaine. Les nombreux policiers postes aux alentours des lieux de culte rappellent toutefois les tensions qui peuvent demeurer, et les attentats toujours ravageurs dans ce pays.

Calcutta est devenue, sans difficulte, une de mes villes indiennes preferees, et ce depuis que le train y est entre (oui, j ai reussi a attraper un train indien! mais cest une autre histoire). Jen ai dautant plus de regrets de ny passer que trois jours... mais la destination suivante est assez exotique pour que je lattende avec impatience!

Bonne journee!

25 octobre 2009

Fragments du quotidien dun voyageur

En arrivant au Nepal, jetais ravi de la decouverte de ce nouveau plat national, le dhal bhat, ce plat sain de riz aux legumes arrose de lentilles, servi a volonte Trois semaines plus tard, je dechante en desserrant ma ceinture dun cran et demi (malgre une grosse activite physique!), en constatant la qualite et le gout generalement mediocres (plus on en mange plus le gout saffine), en mevanouissant presque en montagne apres un nouvel exces. Considerant que les grosses portions agrandissent dautant la taille dun estomac naturellement elastique, eloignant ainsi la sensation de satiete, je decide alors de bannir le dhal bhat de ma pitance, en profitant pour etablir des heures fixes de repas (autant que possible!) : midi et 18h-19h, pour le reste du voyage (voire de ma vie, ambitieux que je suis, les yeux toujours plus gros que le ventre). Le lendemain, dans un hameau de montagne : signe "manger?" -- "Dhal bhat?" -- "Oui..."

Le phoneme "f" est peu utilise en nepali (comme en Inde). Je reponds donc, lorsquon me demande dou je viens, "Prance, je suis "Prancais")

Faute de mieux a faire, dormir dix ou douze heures par jour, est-ce bon pour la sante?

En montagne, les bougies entourees de bambou seche enfonce dans un goulot de bouteille, saverent plus efficaces que les faiblardes ampoules... mais font disparaitre en un clin doeil quelques pages de prose!

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25 octobre 2009

passe proche, present, futur proche

Ca y est, j'ai termine ma deuxieme et derniere periode de trek au Nepal, dix jours de marche et doubli qui mauront fait autant de bien que les Annas! Je ferai probablement des articles retroactifs dessus, mais en attendant voici quelques nouvelles fraiches pour les rares courageux qui consulteraient encore cet espace!

Ayant enfin recu les lentilles (oculaires) envoyees il y a un mois par ma chere mere, je prends aujourd'hui un bus de Kathmandu vers la celebre reserve animaliere de Chitwan, situee au milieu de la jungle ; tant mont dit dy aller et tant mont dit le contraire (trop touristique) que jai decide daller constater par moi-meme. Je me dirigerai ensuite de nouveau vers lInde, cette fois au Bengale-Occidental (la region de Darjeeling, terreau du the indien) en coupant le long trajet par une etape en la ville nepalaise de Janakpur, ville tres sainte de lhindouisme. Voila pour les prochains jours!

Je me suis separe de mon netbook (ordinateur portable), jugeant son poids disproportionne par rapport a son utilite reelle ; jallege donc mon sac de plus dun kilo (et mon epaule le sent), je fais un heureux (frerot), et je ne sacrifie pas ce blog, je moffre juste quelques difficultes techniques supplementaires. La ou il me suffisait de rediger mes billets et choisir tranquillement mes photos sur mon pc, et le connecter ensuite dans un cybercafe, je devrai desormais passer plus de temps dans ces cybercafs a tout taper directement sur des claviers pas toujours tres obeissants, et certainement rencontrer quelques difficultes dans le chargement des photos. Enfin, je ferai de mon mieux!

20 octobre 2009

Une journee en Himalaya

Sur ma demande de papier, mon hote vient de me donner un cahier decolier nepalais, a la couverture redigee en nepali et au papier dassez mauvaise qualite.

Je ne dispose en effet pas de plethore de distractions ici, a Thuman. Ayant acheve hier la premiere partie de ce tryptique trek, je viens dentamer la seconde, la plus breve (mais sans doute pas la moins interessante!). Tout a commence il y a une dizaine de jours lorsque, faisant jouer mes relations (maternelles), jai decroche un diner avec une expatriee francaise installee a Kathmandu depuis une dizaine dannees. En abordant le sujet inevitable du coin, le trekking, elle ma indique un circuit encore assez meconnu, le Tamang Heritage. Il sagit simplement dun nouvel itineraire de trek que le gouvernement nepalais (ou plutot sa branche tourisme) souhaite promouvoir ; en tant que tel, pas encore de lodges ou lieux "officiels" ou se restaurer qui rassureraient le randonneur soucieux dun chemin ainsi balise, comme on la habitue sur les Annapurnas, ou sur le voisin Langtang. Il faut bien commencer quelque part : si pas dhotel, on logera letranger chez lhabitant! Des familles se portent volontaires, on debroussaille et on pave quelques sentiers, on met les cartes de trek a jour, et voila, un nouvel itineraire est ne!

Alleche par la carte grossiere que me dessine de memoire Anne, et souhaitant prolonger le plus mon sejour dans la region, je considere la possibilite, le Tamang Heritage presentant de nombreux avantages. Il decrit une boucle depuis et vers Syafrubenshi, village-base de depart des deux autres treks ; a vue de nez, la duree totale de cette boucle semble assez breve, de deux a trois jours, ce qui convient a ma poche interieure secrete, que jai trop radinement garnie aux ATM (distributeurs de billets en anglais) de la capitale ; enfin, loin de meffrayer, les importants deniveles reportes sur le plan memoustillent : ou est linteret si ce nest que du plat? Sillonner les hauteurs en long, en large et en travers, jouant a cache-cache avec le soleil, eprouvant ma condition physique, traversant des villages ou peu detrangers saventurent encore, sans oublier le cadre : les montagnes nepalaises, tout simplement! Je nhesite donc pas une seconde. Preparatifs de derniere minute a Syafru : je fais repriser ma chemise durement eprouvee par ces derniers mois, jacquiers trois paquets de biscuits pour les gouters, et surtout les petits-dejs, hors de prix par rapport aux autres repas, et cest parti.

Lever et depart a 6h30. Je fais viser mon permis par le meme militaire que pour le Langtang, jemprunte le pont de depart de nombreux randonneurs, et je tourne cette fois-ci a gauche. Je nai pas pris quelques instants pour me reveiller, je le sens en trebuchant contre les premieres marches, faisant gemir un petit orteil douloureux (pourtant "panse" par une double epaisseur de chaussettes). Un sujet de meditation me vient a lesprit, ma vie au retour de ce voyage. Mon attention ainsi requise et fixee, ma respiration se met naturellement en place, mes jambes pourtant durement sollicitees par les dix heures de descente de la veille sentent les genoux bien huiles, les cuisses chauffant a peine, les pieds mobiles. Je me sens leger, javance vite, malgre les quelques obstacles sur mon chemin, dont le percement dune route le long de la riviere, en direction de la frontiere tibetaine, rejetant outre du materiel lourd et polluant, des monceaux de gravats que le marcheur escalade difficilement ; pour ensuite rejoindre le sentier, une tres mince bande de terre a flanc de pente ; si je navais pas vu trois jeunes Nepalais sy engager sans hesitation devant moi, je ne my serais pas meme aventure. Je rencontre quelques autres peripeties mineures, je metonne que seules trois heures se soient ecoulees, je traverse de nouveau la riviere sur un pont, et je me trouve devant la difficulte principale de la journee : six cents metres de colline a grimper, sans interruption. Le sentier semble bien trace, mes pensees mont donne du peps, on ne gamberge pas et on enchaine!

La terre est meuble, linclination de depart clemente. Comme qui dirait, "la route est droite mais la pente est raide". Jendosse mon maillot a poids du Tour de France (meilleur grimpeur) ; a ce moment precis, le soleil apparait au-dessus dun pic oppose et inonde toute la face avec laquelle je me bats. Ma chemise s inonde vite, je resiste a la tentation de lenlever en me souvenant que cest inconvenant dans ces regions (argument vite invalide, ayant du croiser une demi-douzaine dames depuis ce matin), mais surtout que cest le seul rempart qui me protege des coup de soleil contre lesquels ne manque jamais de me mettre en garde mon eminent cancerologue de papa, qui ma egalement transmis une grande surface de pif a exposer aux rayons ardents!

Je metonne, javale ca en un peu plus dune heure. Parvenu au bourg que je pense etre Dalphedi (la suite mapprendra que tel netait pas le cas), je sens vite les regards curieux et plutot amicaux dans mon dos, contrastant avec ceux des "villodges" ou lon vous accueille avec indifference, voire avec de lempressement pour que vous choisissiez leur gite. Ici, seuls "Namaste" et sourires sinceres me font face. Javise une curiosite : un demi-cercle de minces graviers soigneusement ratisses, surplombe par un imposant batiment (sans doute public : une mairie ou un bureau de developpement regional), le tout formant une place du village! Les "centres-villes" nepalais sont si rares que je my installe un moment. Lespace est occupe par une bonne quinzaine de gamins et par leur jeu, mix entre galets et petanque. Ils sont presque tous habilles traditionnellement. Quelques filles pre-puberes interrompent vite leur distraction et mabordent en sinteressant, ce sont bien des filles! au contenu de mon sac. Devant la troupe enfantine etonnamment calme, je fais naitre, tel un magicien, tour a tour etonnement devant mon parapluie replie couleur herbe ; soif deducation (du moins on lespere!) en faisant tourner les pages de mon bouquin russe (que je nai toujours pas termine, honte a moi) ; indifference devant un paquet entame de biscuits (des centaines demballages trainent dans les montagnes) ; et enfin mise en rang des jeunes filles a la vue de mon appareil photo, qui sesclaffent tout naturellement devant leur image zoomee. Un enfant-roi arrive alors, tout juste en age de tracer ses premieres lettres, vetu dor et plutot elegamment par rapport a ses comperes. Nous echangeons quelques mots en anglais (!) ; apparemment satisfait par ce premier echange, il sen va chercher un morceau de pain local (graisseux comme il se doit), et accepte lun de mes biscuits, signal pour la marmaille qui se jette sur mon paquet. On mindique gentiment un lodge (ah, quand meme!) ou dejeuner.

Le charmant proprietaire met en miettes ma decision toute recente de ne plus toucher a un dhal bhat (je ne sais pas me controler avec les mots "a volonte") en men proposant un demblee. Je me doute que le menu ne doit pas etre tres etendu et jaccepte a reculons, finalement agreablement distrait par le spectacle de ce petit homme empresse cueillant directement les patates dans son jardin, empruntant des legumes a son voisin, piochant des feuilles dassaisonnement sur le rebord de sa fenetre, sortant un sac de lentilles je ne sais dou, et puisant une enorme portion de riz dans un enorme sac pres de latre. Des amis se pointent sur ces entrefaites qui laident a patienter et a surveiller la cuisson en labreuvant genereusement de conseils, cuisson au cours de laquelle il teste souvent la chaleur de leau en... sen versant une bonne rasade sur sa main burinee! Curieusement, lassiette-resultat saverera a peine mangeable, comme quoi la cuisine maison nest pas forcement source de garantie... (je dis pas ca pour vous, maman et mamies!) Ce nest pas grave, du moins la quantite de calories ingurgitee en prevision de la suite est-elle consequente.

Les deux platees englouties, je jette un oeil a ma carte, constate les huit cents metres de deniveles positif restants, je consulte mon estomac, considere le temps de mache indique par mon hote, la position du soleil cet apres-midi sur la face de la montagne sur laquelle je me trouve, et lage du capitaine. Je tombe soudain en arret devant une chambre ou les rayons du soleil de midi atterrissent directement sur le matelas nu ; des flashes de mes siestes dijonnaises et parisiennes me parviennent, et je choisis sagement de demeurer pour la nuit, dans cet endroit si accueillant, en testant immediatement la qualite de la paillase!

Quelques heures (jours...) secoulent ; je constate par la fenetre que mon choix etait apparemment le bon : il est a peine seize heures, la montagne est deja plongee dans lobscurite ; ce naurait pas ete agreable dentamer une autre grimpette dans ces conditions. Bien, mais que faire alors, dans cette semi-obscurite, en attendant lheure de se recoucher, et apres avoir contemple tout mon soul les immensites setalant sous mes pieds? Sinstaller a la fenetre, demander un cahier, et commencer a ecrire.

11 octobre 2009

Retour dans les montagnes

Je me sens de mieux en mieux dans une Kathmandu pourtant congestionnee ; thamel, Indra Chowk, Durbar Square, mais aussi les plus meconnues Chhetrapati, Thahiti tole... je me repere dans la ville, je lapprivoise, ses bonnes adresses de restaus, de cybercafs...

jai retrouve aujourdhui Patrick, un francais rencontre trois mois auparavant a Petra, en Jordanie ; le courant est bien passe entre nous, on a decide de partir en trek ensemble, pendant une dizaine ou une quinzaine de jours, dans la region du langtang-helambu ; on ne planifie pas trop, si ca nous plait on prend notre temps!

je suis passe aujourdhui a limmigration du nepal, jai prolonge mon visa de quinze jours, ca me laisse jusqu a debut novembre pour profiter de ce beau pays!

de retour dans les montagnes, de nouveau absent du Web... salut les copains!

30 septembre 2009

Le trek céleste

Ca marche comment, ce trek (big randonnée) ? Dans ce cas, ça se révélera assez simple : un seul chemin possible, qu'il grimpe à soixante degrés, s'effondre dans la vallée, se rétrécisse à une taille de guêpe, se voie inondé par un torrent improvisé. C'est toujours tout droit, impossible de se tromper, pas besoin de signes ésotériques à la « GH » française. Des villages et des lodges (guest-houses, mini-hôtels) jonchent tout le parcours : aucune chance de devoir dormir à la belle étoile, c'est pourquoi je n'emporte pas de duvet. On est fin septembre, c'est l'été finissant, je me passe de vêtements chauds (jusqu'à une certaine altitude du moins).

 

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Quel est ton point de vue sur mon rasage ?

 

Le début commence fort : à la descente du bus de Kathmandu, trois jeunes Népalais m'abordent : en vacances, ils entament également le trek, sur son début du moins. Je ne vois rien de mieux qu'une compagnie de « locaux » pour me mettre sur les rails. Leur rythme irrégulier mais soutenu (en dignes Népalais ils avalent les côtes raides sans broncher) me fera dépasser, et de loin, les prévisions des parcours balisés, jour-par-jour, de tous les guides touristiques. Je me souviendrai notamment d'un soir où, tenant à rejoindre je ne sais quel village pour la nuit, nous avons durement randonné deux heures après le coucher du soleil, à la lueur d'une ou deux lampes-torches, à la queue leu leu, ne cessant de trébucher, s'érafler, jurer. C'est comme un zombie que j'ai parcouru ces quelques sombres kilomètres, prolongeant une journée pourtant déjà très complète de marche. Avant que j'annonce gentiment à mes amis que je préfère continuer seul et à mon rythme, ils me devancent : ils restent dans ce village, profiter de la grande fête annuelle népalaise, Dashain.

 

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Ca, c'est ce qu'on appelle une gorge !

 

Je me retrouve donc livré à moi-même sur le grand chemin, libre d'adopter le rythme que je souhaite ; ces foutus Népalais en ayant déjà imprimé un plutôt rapide en moi, mes jambes (qui se sont adaptées étonnamment rapidement après des semaines à demi-sédentaires) me portent comme des pistons, à travers vallées et à-pics, traversant de part en part des villages traditionnels où c'est la période des récoltes, offrant une multitude de points de vue soit sur la chaîne des Annapurnas, soit sur les vallées en contrebas. C'est probablement une des plus belles randonnées du monde que j'effectue, et j'en suis conscient, j'en savoure chaque moment, amplifié par l'absence de moteurs, et presque d'humains.

 

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Troupeaux célestes

 

A Manang, je retrouve mes deux compères du Ladakh, Amir et Noam ! Je fais également quelques achats dans ce village-étape important, trois jours avant l'ascension du Thorung La (col culminant du parcours) : un coupe-vent North Face, un haut technique ainsi que des collants suffiront, le tout pour quelques euros. Et c'est reparti, toujours plus haut. Mon rythme effréné me cause malheureusement les mêmes soucis qu'au Ladakh : en la riante cité de Yak Kharka (ça ne s'invente pas) migraines, faiblesse généralisée, maux d'estomac, manque d'appétit, voire hallucinations liées aux sources de lumière me mettent sérieusement sur le flanc. Je ne termine même pas ma soupe de nouilles, c'est dire. Le verdict de mes compagnons est unanime : je dois demeurer une journée (ou plutôt une nuit) supplémentaire sur place, à m'acclimater. Il est convenu que je les rejoigne quelques centaines de mètres plus haut, au dernier campement avant le Thorung. La montagne c'est sympa, mais seulement quand tu bouges : immobilisé dans un tout petit village, et sans énergie pour te plonger dans les subtilités du communisme de l'après-2nde Guerre Mondiale, tu sens vite tes ongles pousser. Enfin ! Quelques longues siestes bien placées aideront le sablier à s'écouler.

 

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Vie de chien pour ces ânes

 

J'honore le rendez-vous, et je quitte mon lodge pour Thorung Phedi, littéralement « village au pied du col », pour la dernière journée avant la grosse épreuve du circuit. Les copains m'ont fidèlement attendu, se gorgeant de spaghetti au thon et autres mets occidentaux... mais bien trop onéreux pour ma petite bourse : ayant quitté Kathmandu un peu en catastrophe, je ne suis pas sûr d'avoir emmené assez de cash pour tenir durant tout le parcours. Je me contente donc de les observer de grands yeux, l'estomac gargouillant, refusant noblement leurs offres de partage. Le lendemain matin, à cinq heures, pris de pitié devant ma frêle silhouette noire recroquevillée, le gérant (avec lequel j'avais tenté une réduction du prix du dhal bhaat) m'offrira tout de même un porridge aux fruits, que je n'aille pas enrichir le mauvais côté des statistiques de l'année. La montée du col se révélera une vraie épreuve de montagne : dans la brume, sous la neige, sous le vent, deux cents trekkeurs avancent, le nez dans le dos de l'autre, se protégeant mutuellement des rafales. Je suis impressionné par mes compagnons : ils portent souvent des sacs d'une dizaine de kilos sur le dos, ce qui est impensable pour moi et mon Eastpak quasiment vide (ce matin-là, j'ai enfilé tous les vêtements que je possède : quatre épaisseurs en haut, deux en bas, et deux paires de chaussettes superposées). Cela ne les empêche pas d'avancer régulièrement, et de même me laisser quelques longueurs en arrière peu avant le sommet. Une bouffée d'orgueil m'envahit, et je donne un coup de collier pour repasser en tête ; là, j'attends Amir et, bras dessus bras dessous nous franchissons les derniers mètres en dansant et en chantant un peu n'importe quoi, toutes dents dehors, jusqu'au panneau officiel devant lequel nous nous écroulons, hilares. Un de mes plus beaux souvenirs de ce trek, avec les larmes invisibles qui me sont venues aux yeux lorsque j'ai songé où j'étais, réellement, et le chemin que j'ai accompli pour y arriver.

 

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Le Grand Blanc

 

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Quand le ciel, la terre et la neige se rencontrent...

 

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ON L'A FAIT !!!

 

Le trek des Annapurnas est, ce jour-là, le septième, officiellement terminé ; la plupart des trekkeurs prennent une jeep ou un avion pour retourner à Kathmandu. Pour ma part, en compagnie de quelques irréductibles, j'attrape un autre parcours de trek, celui de Jomsom, qui nous emmènera vers le sud et la seconde ville népalaise, Pokhara. Malgré deux ou trois tronçons sympathiques, j'ai franchement détesté cette seconde moitié : soit ça grimpe pendant des centaines de mètres, soit ça s'effondre durant la même distance. Pas de demi-mesure, quoiqu'on fasse on peine.

 

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Muktinath et ses hordes de motards aux faux airs d'Hell's Angels

 

Une ou deux rencontres atténueront cette déception : John, un Américain trentenaire qui en paraît vingt, un peu décalo-artiste mais tellement attachant avec ses efforts d'articulation ; Marina, la mignonne et tenace Brésilienne par laquelle je suis légèrement intimidé, et avec qui j'entretiens un concours de taciturnité ; Yaïr, le dernier des Israéliens (qui, il faut l'avouer, semble avoir été séduit par les yeux de la braisilienne (mauvais jeu de mots)). Complété par moi, jeune Frenchie light, ce quatuor franchit victorieusement les derniers kilomètres et s'écroule sous la pluie diluvienne de Pokhara, qui nous fait bien regretter ce qu'on vient de quitter. On se rattrape par des lessives magistrales, on réapprend la subtilité à nos estomacs, on donne des nouvelles à nos proches, on parle de nos voyages futurs dans nos chambres, à la lueur des bougies, sur nos cartes du monde. On tente de prolonger comme on peut ce trek.

 

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Village de Naya Phul : la fin officielle

 

Les trombes d'eau incessantes finissent par avoir raison de ma patience, et en compagnie de Yaïr j'attrape un bus pour Katmandou où, comme de coutume, il faudra une journée entière pour parvenir (pour deux cents kilomètres seulement... records indiens de lenteur archibattus). Une phase de transition dans mon séjour népalais débute.

 

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Les voyages du reste de notre vie

 

Au niveau pratique, ce trek était parfait : signalisation présente ; villages, lodges, petites épiceries et restaurants étaient présents tout le long du parcours, avec bien sûr la constante de l'augmentation des prix en fonction de l'altitude (pas de route carrossable, ce sont donc porteurs et ânes qui approvisionnent le circuit). Tirant leurs bénéfices principalement de la restauration, les hôtels bradent leurs chambres, voire les offrent si vous vous nourrissez exclusivement chez eux. De nombreux trekkers étaient accompagnés d'un porteur (on ne dit pas Sherpa, c'est incorrect, ce terme désignant un peuple entier), chargé de leur gros backpack (où je me demande bien ce qu'ils pouvaient fourrer), quelques indépendants se contentant juste d'un sac à dos moyen. Des « promotions » se forment naturellement, dépendant du jour de départ du trek, et restent plus ou moins en contact, en fonction de la rapidité de chaque groupe ; mais retrouver, trois jours après, dans le même lodge, le Canadien avec lequel on avait sympathisé au sujet de Montréal donne toujour chaud au coeur. Le soir venu, dans la salle à manger commune, on se partage nos impressions immédiates, on étudie ensemble les cartes et les altitudes pour la suite, les appareils photos restent au fond des sacs et  les cartes à jouer font leur apparition autour de plats revigorants.

 

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Solo de guitare et de blues improvisé par John

 

Au total, 211 km, soit une moyenne pour ma part d'une vingtaine par jour, avec tous les dénivelés que cela implique. Je suis très satisfait de la vitesse avec laquelle mon corps a attrapé le train en marche ; c'est probablement dû à l'élasticité de la jeunesse, quoique mon dos quasiment libre de tout poids n'y soit pas étranger. Je me sentais bien, je respirais le grand air au milieu d'une des régions les plus spéciales du monde, j'avançais à mon rythme et avec la compagnie de mon choix... Heureux sur la route, comme je l'ai peu souvent été.

 

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Mais où est donc le mot de la fin ?

21 septembre 2009

Au bout du chemin, Kathmandu

Je saute dans un bus de nuit vers le nord, vers la frontière népalaise ; arrivé juste à la fin de la nuit, je passerai la ligne dans des conditions quelque peu dantesques, des officiers d'immigration à réveiller des deux côtés, de l'un m'apposant l'exit stamp, les yeux à demi clos ; de l'autre, pour se venger d'avoir été tiré de sa confortable moustiquaire, imposant à mon passeport et son malheureux détenteur un interrogatoire en règle, qui prend fin en même temps et de la même manière que le lever du soleil, brutalement. Délesté de $40, je m'en tire néanmoins avec le droit de rester au Népal trente jours. Je fête cela avec un plat de chowmein (spaghetti chinois) en guise de petit-déjeuner (il n'y a vraiment qu'en Asie que je puisse envisager mon avenir culinaire). Il faudra bien cela pour la journée de bus nécessaire pour joindre la capitale, Kathmandu, dont les abords sont constamment engorgés. Taxi, hôtel miteux, vous connaissez la suite.

Le lendemain, ça bouge ! En matinée, je réussis l'exploit de me perdre quelques heures, à deux ou trois dizaines de mètres du quartier pourtant ultra-touristique de Thamel. Qu'à cela ne tienne, déniché chez un bouquiniste à l'écart, un Lonely Planet du Népal me sauvera la mise, et la journée. Il m'indique rapidement le siège de l'association bouddhiste dont je veux suivre les cours : le Vipassana. C'est une retraite d'une dizaine de jours, à base de méditation individuelle et collective, régie par des règles assez strictes (la règle du silence entre autres, ne pas prononcer un mot). Pouf, complet pour les deux prochains mois. Vraiment très déçu.

Décision, action : je fonce aux bureaux de l'ACAP, Annapurna Conservation Atruc Project, me procurer le permis nécessaire pour le trek qui remplacera la retraite bouddhiste : le tour des Annapurnas... Je photocopie les trois double-pages correspondantes du Lonely Planet (pour ne pas avoir à emporter le bouquin entier), je laisse quasiment tout le contenu de mon sac en consigne à l'hôtel, et je prends le lendemain le bus, muni (j'exagère à peine) uniquement de ma brosse à dents et d'un Soljénitsyne (auteur russe).

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Louis on the road
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