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Louis on the road
17 août 2009

L'Indus à deux

A l'issue de cette descente, le petit dispensaire qui sert d'hôpital à la région ordonne la mise au repos complet d'Amir, pour quelques jours du moins. Noam me convie donc à son excursion de deux jours dans la région : deux petits villages mentionnés dans le LP, a priori singuliers. Pourquoi pas, je n'ai rien de prévu.

 

Nous démarrons de la gare routière en matinée, pour un trajet de sept heures nous emmenant au fin fond de la vallée de l'Indus. Début du voyage pénible : bus bondé, je me vois contraint de céder ma place à une femme âgée, et je suis outré de constater que de prétendus hippies ne font pas de même pour le sosie de Mathusalem peinant à quelques centimètres d'eux.

 

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Station debout, tout le monde à bord !

 

Le bus se vide assez vite toutefois, les passagers descendant souvent dans les banlieues de Leh ; je suis récompensé de mon scoutisme par une place de choix dans le « cockpit » du conducteur. Chaque bus est aménagé de façon particulière, surtout sur le devant ; dans ce cas, un coussin de deux places est posé à proximité immédiate du chauffeur, sur lequel je m'allonge confortablement, en profitant de la vue panoramique.

 

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Pas certain que ce soit le moyen de transport du pauvre...

 

Les stèles mortuaires parsèment la route, avertissement aussi efficace que les bornes-slogans (souvent humoristiques) que la BRO (Border Roads Organisation) dispose. Je m'émerveille devant le parcheminage légendaire des visages des vieilles et vieux Tibétains, devant le sérieux des petits et petites Tibétains. J'assiste silencieux à la cruelle rebuffade de Noam par une mamie qui refuse qu'il joue avec son petit roi.

 

Curieusement, les repas des restaus sur la route sont toujours plus copieux qu'en ville ; on fait pourtant moins d'efforts assis dans le bus. L'objectif est atteint pour eux : réconfort maximal, et attente avec impatience de la prochaine pause-bouffe.

 

Les ponts font peur, qui sont rafistolés de bric et de broc : une planche en travers de ce trou, un bricolage sommaire de goudron, on a affaire à de grands écorchés pansementés de la tête aux pieds. Le chauffeur fait souvent office de poste : d'un village à un autre, on lui confie qui de petits sacs de fruits, qui une paire de chaussures, qui un paquet mystérieux, qu'il pose sur son tableau de bord et remet religieusement à son destinataire une dizaine de kilomètres plus loin en échange de quelques roupies.

 

Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans la vallée, d'étranges petites choses orange apparaissent sur les rochers, séchant apparemment au soleil ; fleurs ? piments ? Lors d'une pause, je saisis finalement que c'est la vallée des abricots ! Absolument toutes les surfaces planes sont mises à contribution pour le séchage des fruits. Ce n'est pas difficile, le sol est si rocailleux qu'on ne peut  uriner nulle part dans la nature sans s'éclabousser.

 

Une banderole m'apprend que, vallée dans la vallée, nous traversons la vallée aryenne, où un souriant moine bouddhiste blanc aux yeux bleus vêtu d'un blouson de cuir grimpe pour une petite heure de trajet. La fin de ce dernier verra monter une bande de jeunes filles en uniforme scolaire, qui ne se prive pas d'investir le cockpit du chauffeur jusqu'ici occupé par moi seul, et de, sans gêne aucune, se servir de mes genoux et de mes avant-bras comme accoudoirs.

 

Le bus nous dépose au pied de la falaise et d'un étroit sentier de montagne. Dha Hanu est au bout, nous dit-on. Une file indienne de villageois se forme sagement, nous pénétrons dans une succession de champs et d'abricotiers, en grimpant toujours au milieu des éboulis et des petits ruisseaux.

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Peut-être finiront-ils sur votre table...

 

La guesthouse choisie et la chambre négociée, nous suivons une bande de jeunes adolescents, dont aucun n'a plus de quinze ans, partant travailler aux champs. Noam, grand échalas et pratiquant quotidiennement sa gymnastique depuis son départ de l'armée, perd largement son duel de soulevers de fardeaux avec les frêles Indiens, dont les membres à première vue d'une taille inférieure à la moyenne recèlent une force extraordinaire.

 

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La rencontre de l'Inde et d'Israël

 

De rocher en rocher, nous faisons plus ample connaissance. Noam veut savoir de quoi est faite ma vie parisienne, et j'essaie de comprendre une fois de plus pour quelle raison Israël tient tant à son service militaire. Il a vingt-deux ans, aucun diplôme en poche, une grande soif de découvrir le monde, et part pour cela comme des milliers de ses compatriotes à la découverte de l'Inde. Je me sens proche de lui : il a ses moments de lecture, de repli sur lui-même, une grande sûreté de lui et communique facilement, la tête bien sur les épaules. (comme le gars que mon oncle a rencontré sur son chemin vers l'Afghanistan, trente ans auparavant) Cela ne l'empêche pas de se réveiller le lendemain avec des démangeaisons sur les poignets qui demeureront des jours, malgré des précautions d'hygiène quasi-paranoïaques par rapport aux miennes (amener son propre drap, ses propres taies, etc.) ; on a la baraka ou on ne l'a pas !

 

Km parcourus :

Argent dépensé : une dizaine d'euros

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